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Cette contribution fait partie du livre “The Dragon at the Gates of Europe: Chinese Presence in the Balkans and Central-Eastern Europe” (plus d’informations ici) et a été sélectionnée pour une publication en libre accès sur le site web de Blue Europe pour une plus grande portée. Citation :

Bogoni, Andrea, Foreword, in: Andrea Bogoni and Brian F. G. Fabrègue, eds., The Dragon at the Gates of Europe: Chinese Presence in the Balkans and Central-Eastern Europe, Blue Europe, Dec 2023: pp. 1-8. ISBN: 979-8989739806.

人生南北多歧路,
將相神仙,
也要凡人做。
百代興亡朝復暮,
江風吹倒前朝樹。
功名富貴無憑據,
費盡心情,
總把流光誤。
濁酒三杯沉醉去,
水流花謝知何處。

– 儒林外史

Leshommes suivent différents chemins dans leur vie ;
Généraux, hommes d’État, saints et même immortels
Commencent comme des gens ordinaires. Lesdynasties montent et descendent,
Les matinsse transforment en soirées ; les vents de la rivière
font tomber les vieux arbres. D’un ancien règne ;
Et la renommée, la richesse, le rang peuvent disparaître sans laisser de trace.
Alors n’aspirez pas à cela, gaspillez vos jours ;
Mais buvez et soyez joyeux, car qui sait
Où les eaux emportent les fleurs qui y ont été jetées ?

– Les érudits

Dans le paysage mondial moderne en évolution rapide, où “les matins se transforment en soirs” en un clin d’œil, des relations internationales complexes se développent autour d’une multitude de facteurs : des intérêts économiques aux aspirations politiques, en passant par les échanges culturels et les partenariats stratégiques. L’un des récits les plus fascinants qui se déroule sur cette scène mondiale est la relation naissante entre la République populaire de Chine (RPC) et les pays d’Europe centrale et orientale (PECO), en particulier dans les Balkans occidentaux.

Dans le capitalisme contemporain, l’initiative “la Ceinture et la Route” (BRI) a fondamentalement modifié le paysage géographique. En l’espace d’une courte décennie, la BRI est devenue une initiative internationale qui englobe plus d’une centaine de pays, ce qui a suscité une vague de recherches. De nombreuses publications scientifiques dans divers domaines et langues ont été publiées sur les implications et les conséquences de l’initiative “la Ceinture et la Route” (Chen, Song et Yang 2022 ; Bashir et al. 2021).

Il n’est pas surprenant que ce débat, tant dans les médias que dans les universités, ait suscité plusieurs opinions divergentes. L’initiative “la Ceinture et la Route” est considérée par ses partisans comme une approche inventive visant à promouvoir la croissance par l’amélioration de la connectivité transnationale et la collaboration multilatérale (Benabdallah 2019), elle est également décrite comme une alternative à la méthode dominante précédente d’investissement étranger et d’aide facilitée par le FMI et la Banque mondiale (Bond 2020). D’autres pensent qu’il s’agit de la réponse de la Chine à la domination du système commercial et financier mondial par les États-Unis (Zhao 2021), malgré les arguments contre la faisabilité d’un nouvel ordre international dirigé par la Chine (Mendes et Wang 2023).

Néanmoins, les critiques mettent en garde contre les avantages économiques d’investissements importants dans des pays présentant un risque souverain élevé et un faible retour sur investissement, en soulignant l’endettement considérable imposé aux pays hôtes par les programmes d’infrastructure à grande échelle et en mettant en garde contre un éventuel enchevêtrement de dettes (Taylor et Zajontz 2020). Nombreux sont ceux qui affirment que l’initiative “la Ceinture et la Route” crée en fait une nouvelle forme de dépendance (Green 2019 ; Behsudi 2023). Une deuxième préoccupation est liée au rôle crucial joué par l’État dans l’initiative “la Ceinture et la Route”. Les entreprises privées et les multinationales sont les principaux moteurs de la mondialisation du marché libre, ce qui contraste fortement avec la majorité des initiatives de coopération à grande échelle lancées par les gouvernements ou les entreprises publiques (Wang et Shen 2021). Les investisseurs privés considèrent souvent que l’échelle et la longueur des cycles de profit liés à ces entreprises ne sont pas attrayantes. Il s’agit donc d’un modèle de mondialisation géré par l’État, dans lequel les organisations nationales et interétatiques exercent une influence significative. Contrairement à l’idée dominante selon laquelle l’expansion du capitalisme mondial est uniquement motivée par une approche centrée sur l’entreprise et orientée vers le marché, ce modèle particulier est dominé par l’État. Enfin, les critiques de la BRI se sont également concentrées sur l’impact environnemental et la dégradation que de tels projets d’infrastructure peuvent avoir (Ascensão et al. 2018). Par exemple, un rapport de 2017 publié par le Fonds mondial pour la nature (WWF) a noté qu’il existe un chevauchement considérable entre les projets de l’IRB et les environnements sensibles (Fonds mondial pour la nature 2017).

Les investissements de la Chine en Europe centrale et orientale ont connu une expansion notable et une surveillance accrue après l’introduction de la BRI et du modèle 16 1, en 2013 et 2012 respectivement. L’influence économique croissante de la Chine a suscité l’inquiétude des institutions de l’Union européenne quant à ses répercussions politiques. En 2018, le commissaire européen chargé du voisinage et de l’élargissement, Johannes Hahn, a affirmé que l’UE devrait être plus alarmée par la Chine que par la Russie, en particulier en ce qui concerne le “flanc sud-est du continent” (Heath et Gray, 2018). Cela s’explique par la possibilité que la Chine place des “chevaux de Troie” grâce à son influence financière pour imposer une pression politique sur les pays qui cherchent à adhérer à l’UE (Karnitschnig 2017). La perception des “chevaux de Troie” chinois s’est amplifiée en raison du comportement de certains pays de l’UE, comme la Grèce et la Hongrie, qui ont fréquemment soutenu la Chine, lui fournissant ainsi une approche indirecte pour affaiblir l’unité de l’UE (Salát 2020 ; Stroikos 2023). Une déduction apparente est que la Chine pourrait mettre en œuvre une tactique de “divide et impera”: en augmentant son commerce et ses investissements dans les PECO, Pékin pourrait potentiellement “acheter à peu de frais” leur soutien politique, entraver les politiques de l’UE qui ne sont pas en sa faveur et générer des désaccords au sein de l’Union (Zeng 2023).

L’étude de Blue Europe intitulée “The Dragon at the Gates of Europe : La présence chinoise dans les Balkans occidentaux et en Europe centrale et orientale” de Blue Europe est une exploration de cette interaction délicate. Édité par le groupe de réflexion Blue Europe, cet ouvrage témoigne de l’effort collectif de nombreux universitaires, diplomates et experts qui se sont attachés à démêler les multiples facettes de la relation sino-européenne. La région d’Europe centrale et orientale, qui comprend des pays tels que la Hongrie, la Pologne, la République tchèque et les États des Balkans occidentaux, est devenue un acteur clé de la grande stratégie chinoise.

Cet ouvrage s’efforce de fournir aux lecteurs une vue d’ensemble des développements récents et de mettre en lumière les forces motrices de cette collaboration intercontinentale complexe. Il se divise en cinq grandes parties, de la “tête” du dragon à sa “queue” : la première s’intitule “Le dragon au milieu des turbulences mondiales” : Les relations Sino-CEE et le scénario international” et explore l’impact de la dynamique internationale sur les relations Sino-CEE. Les parties II à IV constituent le “corps” du dragon et analysent l’influence chinoise “d’Ouest en Est” : les Balkans occidentaux, l’Europe centrale et l’Europe de l’Est. Enfin, la partie V – “Perception et différences culturelles entre l’Europe centrale et orientale et la Chine” offre de nouvelles perspectives culturelles et des aperçus professionnels.

Notre objectif est de servir de pont entre les décideurs politiques, les universitaires et le grand public, en offrant un aperçu des implications profondes du partenariat sino-européen. Nous visons à aborder les questions clés qui ont été soulevées ces derniers temps, pour citer quelques exemples : dans la première partie, Marceli Hazla a écrit sur la possibilité pour les pays de l’Initiative des trois mers de maintenir des relations diplomatiques avec Taïwan ; dans la deuxième partie, Sonja Stojadinovic a analysé les conditions politiques et financières des investissements dans les infrastructures, à la fois de la Chine et de l’UE, dans les Balkans occidentaux, tandis que Slobodan Trivić a parlé de “l’équilibre délicat” entre la Serbie et la Chine à la lumière de l’IRB ; dans la troisième partie, Samuel Dempsey s’est concentré sur les effets des relations sino-hongroises sur l’UE et l’OTAN ; dans la quatrième partie, Aliaksei Patonia a étudié le rôle du Belarus dans la stratégie chinoise et Ivoslav Ganchev a analysé les relations politiques et économiques entre la Bulgarie et la Chine ; dans la cinquième partie, Jakub Stepaniuk a enquêté sur la perception de la présence chinoise dans les médias polonais et serbes.

Au fil des pages de cet ouvrage, les lecteurs trouveront une grande richesse d’expertise sur le terrain. Qu’il s’agisse de discussions sur l’évolution de la dynamique politique dans les PECO et de leurs politiques étrangères respectives ou d’analyses approfondies de projets spécifiques de l’initiative BRI dans les Balkans occidentaux, nos contributeurs offrent des perspectives précieuses sur les relations multiformes entre la Chine et cette région vitale de l’Europe.

Le dragon aux portes de l’Europe est plus qu’une simple réflexion sur le passé, c’est une exploration de l’avenir. Alors que nous naviguons dans le réseau complexe des relations sino-européennes, nous devons reconnaître les promesses et les défis qui nous attendent. Grâce à cette connaissance, nous pourrons prendre des décisions éclairées sur l’avenir de notre monde interconnecté.

Nous vous invitons à vous embarquer dans ce voyage à travers le paysage changeant de la présence chinoise dans les Balkans occidentaux et l’Europe centrale et orientale. Que ce livre soit un guide pour comprendre la danse complexe du dragon aux portes de l’Europe, une “danse” qui façonnera sans aucun doute le cours des relations internationales dans les années à venir.

Bibliographie

Ascensão, Fernando, Lenore Fahrig, Anthony P. Clevenger, Richard T. Corlett, Jochen A. G. Jaeger, William F. Laurance et Henrique M. Pereira. 2018. environmental Challenges for the Belt and Road Initiative”. Nature Sustainability 1 (5) : 206–9. https://doi.org/10.1038/s41893-018-0059-3.

Bashir, Muhammad Farhan, Benjiang MA, Yifang Qin, et Muhammad Adnan Bashir. 2021. evaluation of One Belt One Road Publications : A Bibliometric and Literature Review Analysis’. Environmental Science and Pollution Research 28 (28) : 37016–30. https://doi.org/10.1007/s11356-021-14621-y.

Behsudi, Adam. 2023. the “Rift Is There” : China vs. the World on Global Debt”. POLITICO, 11 avril 2023. https://www.politico.com/news/2023/04/11/china-lending-imf-world-bank-00090588.

Benabdallah, Lina. 2019. contester l’ordre international en l’intégrant : le cas de l’initiative chinoise Belt and Road”. Third World Quarterly 40 (1) : 92–108. https://doi.org/10.1080/01436597.2018.1529539.

Bond, Patrick. 2020. bRICS Banking and the Demise of Alternatives to the IMF and World Bank” (Les banques des BRICS et la disparition des alternatives au FMI et à la Banque mondiale). Dans International Development Assistance and the BRICS, édité par Jose A. Puppim de Oliveira et Yijia Jing, 189-218. Governing China in the 21st Century. Singapour : Springer. https://doi.org/10.1007/978-981-32-9644-2_8.

Chen, Dongxu, Dongping Song et Zhongzhen Yang. 2022. a Review of the Literature on the Belt and Road Initiative with Factors Influencing the Transport and Logistics”. Maritime Policy & Management 49 (4) : 540–57. https://doi.org/10.1080/03088839.2021.1889063.

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Heath, Ryan et Andrew Gray. 2018. ” Beware Chinese Trojan Horses in the Balkans, EU Warns ” (Attention aux chevaux de Troie chinois dans les Balkans, l’UE met en garde). POLITICO, 27 juillet 2018. https://www.politico.eu/article/johannes-hahn-beware-chinese-trojan-horses-in-the-balkans-eu-warns-enlargement-politico-podcast/.

Karnitschnig, Matthew. 2017. beijing’s Balkan Backdoor”. POLITICO, 13 juillet 2017. https://www.politico.eu/article/china-serbia-montenegro-europe-investment-trade-beijing-balkan-backdoor/.

Mendes, Carmen Amado, et Xuheng Wang. 2023. ‘L’initiative “la Ceinture et la Route” dans la gouvernance mondiale : Impact on the International World Order”. In The Palgrave Handbook of Globalization with Chinese Characteristics : The Case of the Belt and Road Initiative, édité par Paulo Afonso B. Duarte, Francisco José B. S. Leandro, et Enrique Martínez Galán, 109-23. Singapour : Springer Nature. https://doi.org/10.1007/978-981-19-6700-9_7.

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Wang, Suyun, et Guilong Shen. 2021. the Belt and Road Initiative and Globalization”. Dans A New Blue Ocean : Prospects for Latin American SMEs in the Belt and Road Initiative, édité par Yihai Li et Aníbal Carlos Zottele, 1-16. Singapour : Springer. https://doi.org/10.1007/978-981-15-7687-4_1.

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Andrea Bogoni

Andrea Bogoni est un ancien étudiant en économie de l'université de Vérone, qui s'est spécialisé dans l'économie d'entreprise, la finance et le commerce international. Sa passion pour les relations internationales et les sciences politiques l'a conduit à approfondir ses connaissances de manière autodidacte, en coopérant avec divers centres d'études et groupes de réflexion basés en Italie. Il a édité le livre de Blue Europe "The Dragon at the Gates of Europe : Chinese presence in the Balkans and Central-Eastern Europe" et a contribué au groupe de réflexion par des publications et des critiques. Andrea est également un analyste polyvalent, avec des compétences qualifiées en matière de statistiques et d'analyse de données.

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